L’appel de Dominique Wolton à « Penser l’incommunication »

Publié le par chez APACOM. Modifié le

L’inlassable penseur de la communication Dominique Wolton(1) ouvre un nouveau champ de réflexion. Son dernier livre, paru chez l’éditeur bordelais Le Bord de l’Eau, appelle à « Penser l’incommunication »(2). Clôturant un triptyque vivifiant, cet ouvrage prolonge « Informer n’est pas communiquer » (2021) et « Communiquer c’est négocier » (2022).

Dominique Wolton note d’abord que la communication (à la fois en tant que concept et en tant que secteur professionnel) est aujourd’hui prisonnière de « l’idéologie technique » considérée comme la « synthèse de la modernité et de la liberté ». Or c’est une illusion car « il n’y a pas d’humanisme technique », rappelle-t-il, relevant notamment que l’interactivité supplante mais ne peut pas remplacer l’intercompréhension.

Approfondissant ses réflexions sur l’articulation entre émetteur et récepteur, il relève – comme nous tous – que les récepteurs n’en font qu’à leur tête, jusqu’à la défiance et l’indifférence. Et cela, malgré le flux sans cesse croissant des émissions de messages, ou à cause de lui. 

Par conséquent, explique Dominique Wolton, il faut revoir nos grilles d’analyse et de travail. Ce ne sont pas deux mais trois registres différents qu’il faut appréhender. En réponse à la communication, il n’y a pas seulement la réussite ou l’échec, d’un côté le partage et de l’autre l’a-communication : il existe entre les deux tout un pan à découvrir et à travailler où la communication doit consister à faire le constat d’une altérité pour aller vers et engager une négociation. C’est cela qu’il nomme « l’incommunication ». Dans un paradoxe apparent, il mentionne d’ailleurs la publicité comme un « bon exemple d’incommunication puisque personne n’en est dupe ».

Face à l’injonction technique d’outils et de vitesse, Dominique Wolton appelle à prendre en compte la complexité et l’hétérogénéité. Pour réussir à mieux communiquer entre les personnes, il faudrait retrouver à la fois l’humain et le temps et, surtout, accepter de « penser l’incommunication ».

De tout cela nous pourrons bientôt débattre avec lui car Dominique Wolton viendra « prochainement à Bordeaux présenter son livre » nous a assuré son éditeur ; nous vous en tiendrons informés.

(1) Dominique Wolton est directeur de recherche au CNRS, directeur de la revue internationale Hermès, président du Conseil de l’éthique publicitaire (CEP), auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages traduits en 26 langues.

(2) Dominique Wolton, Penser l’incommunication, Le bord de l’eau, 2024, 158 pages, 12 €  

Rédigé par Charles-Marie Boret, adhérent et membre du CA APACOM

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