Matin de l’APACOM spécial US

Publié le par chez APACOM. Modifié le

La campagne électorale la plus suivie, la plus chère, la plus connectée, la plus dense de l’histoire. Le live tweet le plus fou jamais vu avec 31 millions de tweets, 327 452 tweets envoyés par minute le jour J. Des milliers de journalistes ont été les témoins de cet évènement le plus médiatisé de l’année. 

Lors de ce Matin de l’APACOM exceptionnel animé par Eloi Choplin ce 11 décembre 2012, Antoine Estève, journaliste bordelais envoyé par I-Télé et Canal+ et accrédité par la Maison Blanche, a répondu à toutes les questions de l’auditoire sur la couverture d’un évènement tel que l’élection présidentielle aux Etats-Unis.

Comment couvre-t-on un tel évènement ? Quelles étaient les conditions de travail ? Quel traitement de l’information ? Comment étaient réellement les candidats ? Comment vit-on quand on est journaliste embarqué au cœur de la caravane d’Obama ?

Comment un journaliste peut-il suivre de près un Président lors de sa campagne électorale?

Antoine Estève explique que peu de journalistes sont autorisés à suivre un candidat lors de sa campagne. Pour cela, il faut avoir une accréditation de la Maison Blanche détenue par seulement 40 journalistes triés sur le volet. Avec Laurence Haïm, correspondante d’I-Télé, ils sont les seuls journalistes français à avoir pu pénétrer dans la « bulle » d’Obama. Antoine Estève explique également que Laurence Haïm est la seule journaliste étrangère accréditée à la Maison Blanche. Pour obtenir ce fameux « hard pass », elle a dû menacer d’attaquer l’association des journalistes de la Maison Blanche en invoquant le deuxième amendement de la Constitution américaine. Une bataille grâce à laquelle Antoine Estève a pu être embarqué dans cette aventure pendant cinq semaines.

 

Antoine Estève : un journaliste dans la « bulle » du Président des Etats-Unis :

Rappelons-le, seuls 40 journalistes sont accrédités à la Maison Blanche et 8 d’entre eux sont autorisés à monter à bord de l’Air Force One. Quel est le rôle d’un journaliste français au coeur de cette « bulle » tant convoitée par de nombreux journalistes ? Antoine Estève explique qu’il était en charge de réaliser des reportages sur les coulisses des élections. Il a ainsi pu réaliser entre autres un reportage sur la place des femmes dans les meetings ou sur le coût exorbitant des meetings (environ 1 million de dollars pour chaque meeting. Les meetings sont le 4ème centre de coût, loin derrière les spots TV). Le journaliste a également suivi le Président Obama dans ses déplacements et lors des rencontres avec les militants, ce qui représentait 3 à 7 vols par jour et de nombreux décalages horaires. Antoine Estève aborde au sujet des déplacements le dispositif de sécurité mis en place autour du Président : 3 fouilles au corps par jour, les journalistes sont placés sous détecteurs de métaux. Un agent des services secrets entoure aussi de très près les journalistes. Les déplacements se font dans un Hummer blindé aux vitres tintées. La foule au contact du Président est au préalable fouillée et passée sous détecteur de métaux. Il y a d’ailleurs une échelle de danger qui est mise en place avant chaque bain de foule qui permet d’identifier les Etats plus sensibles où il est plus risqué pour le candidat d’être au contact direct des personnes.

 

L’accès à l’information dans la « bulle » présidentielle :

Tous les journalistes sont sur un pied d’égalité concernant l’accession à l’information. Ceux-ci sont reliés par leurs smartphones à la Maison Blanche qui leur envoie les informations de la campagne, les communiqués, les notifications de déplacement… Il nous confie, qu’il n’y avait pas de off et qu’il était impossible d’approcher le Président ou même sa femme. « Obama a mené une campagne beaucoup plus austère qu’en 2008 » affirme le journaliste d’I-Télé. Les journalistes ne pouvaient avoir de contact qu’avec les 5 conseillers du Président et les Spins doctors qui décryptaient tous les reportages des journalistes et même leur comptes Twitter. Lorsqu’un reportage ne plaisait pas, les spins ne se gênaient pas pour venir le dire directement aux journalistes, « Il n’y a pas d’hypocrisie comme en France » ajoute Antoine Estève.

Les relations humaines ne sont pas non plus hypocrites et l’ambiance avec les journalistes américains n’était pas bonne. Il n’y avait pas de place pour la sympathie. Les journalistes américains ne sont pas là pour rigoler. Ils vivent la campagne et sont très « intellos et froids » explique Antoine Estève. Il rajoute également qu’un journaliste l’a même dénoncé aux agents secrets qui l’ont « viré » alors qu’il faisait des images dans un lieu public sans y être autorisé. Les images enregistrées n’ont cependant pas été retirées au journaliste comme cela aurait été le cas en France.

 

Les réseaux sociaux au coeur de la campagne présidentielle :

Pour la première fois de l’histoire, les réseaux sociaux ont été très suivis par le public américain. On recense ainsi 31 millions de tweets et 327 452 tweets envoyés par minute le jour J. Le tweet « 4 more years » de Barack Obama a été retweeté 810 000 fois et a pris la tête du palmarès Twitter 2012. Le public a également largement contribué à tous les live-tweets. Un engagement politique fort de la part du public mais également des médias sur la toile très contrasté avec la France.

Concernant la gestion des réseaux sociaux, 400 stagiaires travaillaient à un rythme effréné sur les réseaux sociaux. Un travail très prenant.

Rentré il y a peu des Etats-Unis, Antoine Estève devrait partir prochainement pour l’Afghanistan.  Il refoulera le sol américain en janvier pour couvrir l’investiture.

 

Elodie Sodes.

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