Sur les bancs de l’Université Hommes-Entreprises du CECA, jour 2

Publié le par chez APACOM. Modifié le

Pour celles et ceux qui n’ont pas eu la chance d’assister à l’Université Hommes-Entreprises du CECA, dont l’APACOM est partenaire, en ces deux derniers jours du mois d’août, retour sur la deuxième journée, le vendredi 31, au Château Smith Haut-Lafitte.

  • Plonger dans « La Google du loup » avec Christine Kerdellant –

La journée s’ouvre avec la journaliste Christine Kerdellant, spécialiste des problématiques digitales, essayiste et écrivain d’un ouvrage au titre pour le moins percutant « Dans le Google du loup ».

Christine indique que son combat n’est pas celui d’une société moderne où le numérique a pris une large place. Par ailleurs, elle n’a nullement l’intention de se retirer dans une cabane au fond des bois sans électricité ni internet. Elle nous alerte en revanche directement sur les dérives idéologiques portées par certains acteurs majeurs du GAFA.

Dans sa ligne de mire en particulier, Raymond Kurzweil, directeur du développement chez Google, fervent partisan du transhumanisme et convaincu qu’en 2045, la technologie permettra de sauvegarder sur un disque dur sa mémoire mais aussi son esprit et sa conscience, mettant fin ainsi à la mortalité de l’Homme.

Pendant plus d’une heure, Christine multiplie les exemples sur les dérives potentielles des avancées de l’IA (intelligence artificielle), notamment en matière de protection de la vie privée. Convaincue que le progrès technologique engendre de nombreuses avancées à bien des égards, elle interpelle néanmoins sur le rôle que nous, citoyens, avons à jouer pour dessiner le futur de notre société et nous invite à ne pas laisser les clés aux seuls dirigeants des GAFA pour décider à notre place.

  • L’Intelligence artificielle nous veut-elle du bien avec Cédric Villani –

Parfaite transition avec Cédric Villani, heureux titulaire de la médaille de Fields (équivalent du prix Nobel pour les mathématiques) et député depuis 15 mois.

Cédric Villani réussit l’exploit de parler d’IA à un public novice, en vulgarisant son propos, avec un humour décapant. Il est rassurant quant à la possibilité d’une l’Intelligence Artificielle qui aurait conscience de sa propre existence et serait susceptible de se retourner contre l’Homme. Les risques les plus imminents et réels sont, selon lui, de deux ordres : éthiques et politiques.

En s’appuyant sur l’exemple des scientifiques ayant travaillé sur la bombe atomique, Cédric Villani questionne le rôle des chercheurs dans les conséquences liées à leurs découvertes : ont-ils leur mot à dire sur la manière dont leurs recherches et résultats seront utilisés ? leur responsabilité s’arrête-t-elle à faire simplement leur travail de chercheur ? Chacun a évidemment tout loisir de pencher pour l’une ou l’autre des solutions mais force est de constater que les progrès technologiques de ces décennies génèrent de nombreuses questions éthiques auxquelles nous devrons répondre.

L’intervention est teintée d’une vision plus politique, le rôle joué par l’Europe est minime dans la quête du développement technologique et les prises de conscience plus qu’urgentes concernant ses enjeux. Avec des relents de guerre froide et de conquête de l’espace entre les Etats-Unis et la Russie, aujourd’hui ce sont les USA et la Chine qui dominent en effet largement le sujet et qui ont pris une large avance devant les autres continents !

  • « Louis pas à pas », témoignage poignant de Gersende et Francis Perrin –

La matinée se termine avec le témoignage poignant de Gersende et Francis Perrin qui à travers leur livre « Louis pas à pas » nous alertent sur le sort que notre société réserve encore, en 2018, aux enfants nés autistes et à leurs familles. Entre errance insupportable face à un diagnostic qui met du temps à être posé et une violence verbale (« Vous pouvez faire le deuil de votre enfant » leur a-t-on dit), les deux comédiens partagent une partie de leur quotidien et nous racontent leur combat pour offrir à leur fils, Louis, une vie heureuse et lui donner les clés pour acquérir un maximum d’autonomie. C’est avec une méthode comportementale, pourtant pratiquée depuis plus de 50 ans dans bien des pays dans le monde, mais encore sous exploitée en France, que Gersende et Francis Perrin auront réussi, à force de persévérance et d’amour, à apprendre à Louis à marcher, à se brosser les dents, à être propre… Un échange plein d’humilité qui nous invite à nous interroger sur la façon dont nous abordons le handicap dans une société qui se veut pourtant, sur le papier, inclusive et avancée.

  • Le parcours hors du commun de Patrick Bourdet –

En pleine digestion, l’intervention de Patrick Bourdet aurait pu nous assommer facilement. Loin de là ! Avec un parcours on ne peut plus surprenant, cet homme qui a passé une partie de son enfance dans des conditions dignes des Misérables dans une cabane dans les bois, suscite l’admiration pour ses facultés de résilience et sa capacité à tordre son destin mal engagé et lui donner une toute autre direction.

Après avoir repris sa liberté à 16 ans, porté par son envie de ne plus jamais manquer de rien et riche de rencontres heureuses et d’opportunités, il réussira à reprendre des études et gravir petit à petit tous les échelons pour l’amener à devenir le PDG d’une société de biotech qui travaille sur le traitement du cancer.

Par son parcours, Patrick Bourdet est la preuve que « Rien n’est joué d’avance », titre de son livre, et que le travail et la détermination peuvent nous permettre de nous sortir d’une vie toute tracée.

  • Beigbeder laisse la place au Père Nicolas Buttet –

L’absence de Frédéric Beigbeder et de son dernier roman « Une vie sans fin » traitant du transhumanisme et d’immortalité, laisse à Patrick Bourdet plus de temps que prévu et au Père Nicolas Buttet l’occasion de nous faire, au pied levé, une synthèse à sa manière de ces journées d’Université.

Le Père Buttet reviendra sur les différentes interventions qui ont jalonné ces deux journées de partage et de questionnement. Reprenant tour à tour de nombreux philosophes, réinterprétant Roméo et Juliette version 3.0 et avec toute sa culture, son humour et son franc-parler, Nicolas Buttet nous parle d’amour.

Et si justement l’amour était la clé ? L’amour de soi, l’amour de l’autre, l’amour de l’Humanité nous donnerait peut-être les réponses à nos questions pour conjuguer progrès et sagesse !

Catherine Sarnow

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